Article rédigé par Dr. Jordan, Docteur en Pharmacie
On parle de « dénutrition » lorsque les apports énergétiques fournis par l’alimentation ne suffisent pas à satisfaire les besoins de l’organisme. (1) Il est estimé qu’entre 5 et 10% des sujets de plus de 70 ans en ville sont dénutris, 25 à 30% en EHPAD, et entre 50 et 60% des patients entrant à l’hôpital pour la même tranche d’âge. (2)
Cette proportion est majorée à la sortie d’hospitalisation.
Une personne âgée est diagnostiquée comme dénutrie, si elle répond à un des critères suivants :
– IMC < 21kg/m2.
– Perte de poids > 5% en 1 mois, ou > 10% en 6 mois.
– Albuminémie < 35 g/L.
Le contexte de crise sanitaire de la COVID-19 a un impact sur l’augmentation de la prévalence des personnes âgées en situation de dénutrition, en partie à cause du retard de diagnostic.
La dénutrition peut être le résultat de multiples causes: – solitude et souffrance psychique.
– pathologies neuro-dégénératives (démence sénile, maladie d’Alzheimer et syndromes associés, maladie de Parkinson, maladie de Charcot, Sclérose en plaques…etc.).
– pathologies stomatologiques ou digestives.
– épisodes infectieux grave et/ou prolongé.
– séquelles d’accidents vasculaires cérébraux.
– séquelles locomotrices (tétra•hémiplégie par exemple).
– facteurs socio-économiques.
Les signes évocateurs sont la perte de poids involontaire et la perte d’appétit.
Pour satisfaire ses besoins, l’organisme va puiser son énergie notamment grâce au glycogène, la forme de réserve du glucose la plus facilement disponible. Sa localisation est principalement hépatique et musculaire.
Le métabolisme protéique, c’est à dire la dégradation des protéines, est très sollicité pour pouvoir compenser des apports journaliers insuffisants. Par conséquent, la dénutrition amène inévitablement à une fonte musculaire, et va entrainer une aggravation de la perte d’autonomie, et une altération de l’état général.
La Haute Autorité de Santé recommande chez la personne âgée dénutrie 30-40 kcal/kg/j pour les apports énergétiques dont 1,5 g/kg/j de protéines. (2) Des compléments nutritionnels oraux, peuvent être prescrits par le médecin et délivrés en pharmacie, dans le but d’améliorer l’appétit, reprendre rapidement du poids, augmenter ses performances physiques et donc améliorer sa qualité de vie. Cependant, ils ne se substituent aucunement aux repas.
L’approche nutritionnel à cette problématique doit être plus globale. Il s’agit entre autre :
– de rendre agréable l’environnement accompagnant la prise des repas. (4)
– d’exhauster le goût de son alimentation (épices, sel ou sucre sauf si contre-indications).
– d’adapter l’aliment à ses capacités physiologiques de déglutition et de digestion.
– de s’hydrater régulièrement, aussi pour réduire les sensations de bouche sèche, pouvant contraindre une bonne prise alimentaire.
– de favoriser l’activité physique et la reprise en masse musculaire.
– de favoriser le maintien à domicile, inter-dépendant de la bonne santé nutritionnelle du patient.
Il est nécessaire de mettre en place rapidement des actions nutritionnelles correctives et préventives auprès du patient pour limiter la dégradation de son état. L’évaluation de ses besoins est primordial. Assurer un entourage médical pluri-professionnel, une aide sanitaire et sociale, ainsi que le soutien de prestataire d’aide et de services à la personne, sont les outils de sécurisation de la bonne santé nutritionnelle des séniors.
– MNA global < 17 ( Questionnaire Mini Nutritional Assesment). (3)
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(1) HUG, Hôpitaux de Genève, Dénutrition et alimentation enrichie, conseils nutritionnels, 2013.
(2) HAS, Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée, 2007.
(3) HAS, Diagnostic de la dénutrition de l’enfant et de l’adulte, Novembre 2019.
(4) GUERDOUX-NINOT Estelle et al., Meal context and food preferences in cancer patients: results from a French self-report survey, SpringerPlus vol. 5,1 810, 2016.